C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la disparition de Jacques Brodeur, créateur du défi 10 Jours Sans Écrans. Le décès est survenu à l’hôpital l’Enfant-Jésus de Québec, samedi 12 décembre 2020. A 77 ans, il a rencontré un adversaire plus coriace que lui et a été emporté par la COVID-19. Il nous laisse de magnifiques souvenirs et un bel héritage.
Jacques Brodeur était Québecois, il avait enseigné durant 30 ans et œuvré comme consultant, conférencier et formateur dans les domaines de l’éducation à la paix, l’éducation aux médias, la prévention de la violence et la promotion de saines habitudes de vie. Il mène des actions militantes depuis les années 80. Il disait aimer sa télévision, son ordinateur et les écrans, était un utilisateur régulier des réseaux sociaux. Mais il disait préférer les enfants aux écrans. Il avait mis sur pied un projet fou aux résultats étonnants : le Défi 10 jours sans écrans.
« Je me suis inspiré d’une idée née à San José, en Californie, à travers le programme Smart (Student Media Awareness to Reduce Television), un dispositif scolaire visant à prévenir l’obésité des enfants et à diminuer leur agressivité grâce à la réduction du temps passé devant la télévision. Le programme repose sur des cours dispensés par les enseignants pour sensibiliser les enfants à leur surconsommation. Ils sont également incités à participer à une opération de dix jours sans télévision ni jeux vidéo. Ensuite, ils sont encouragés à respecter un « budget » de sept heures par semaine.
Le principe des « Défis sans écran » est le même : apprendre aux enfants à se servir des écrans au lieu de se laisser asservir par les industries qui captent leur attention longtemps et souvent.
Le défi est un exercice de consommation responsable, de santé mentale et mobilisation sociétale qui permet de réduire la violence physique et verbale, la sollicitation publicitaire et l’obésité. »1
1Extrait de l’article http://www.la-croix.com/Famille/Parents-Enfants/Dossiers/Jacques-Brodeur-Se-servir-des-ecrans-au-lieu-de-se-laisser-asservir-par-eux-2013-06-04-968763
Il défendait avec ardeur et opiniâtreté l’idée qu’il fallait éveiller le sens critique des jeunes face aux écrans et à l’appétit de ceux qui se cachent derrière, et qu’il fallait promouvoir auprès d’eux de saines habitudes de vie. C’est pour cela qu’il avait conçu un exercice annuel de déconnexion numérique qui permettait à l’école et aux familles d’agir main dans la main. « Aider les jeunes à mieux contrôler la technologie plutôt que de se laisser contrôler par elle, permettre de mieux distinguer la limite entre les écrans qui rendent service et ceux qui asservissent, voilà l’enjeu éducatif du 21ᵉ siècle », répétait-il inlassablement.
Il était surtout connu pour avoir crée le défi 10 Jours sans écrans en 2003. Il traversait l’Atlantique plusieurs fois par an pour en faire la promotion dans des dizaines d’écoles. Personnalité charismatique, révolutionnaire pacifique aux convictions incroyablement enracinées, avec son sens de la formule et ses talents de conférencier inégalables, mais aussi par sa sympathie et sa ténacité, Jacques Brodeur réussissait à contaminer de son enthousiasme enfants, parents, professionnels et journalistes qui avaient le malheur de se trouver sur son passage, pour les enrôler dans un match collectif et les persuader que les enfants peuvent reprendre le contrôle des écrans et que la victoire est à notre portée. Sa passion était contagieuse, il savait nous donner la force de
nous mettre en mouvement.
Des dizaines de milliers de jeunes ont relevé le défi ces dernières années. Jacques Brodeur a su rendre cet outil incontournable dans le paysage éducatif de notre époque. Mais il n’a jamais été distingué pour cette invention, contrairement à ces actions antérieures.
Militant depuis les années 80
En 1986, déclarée année internationale de la Paix, il avait organisé la collecte de jouets militaires destinés à être réutilisés pour ériger un monument en faveur de la Paix.
En 1990, il avait créé le « Vote des jeunes » qui permettait chaque année à 50 000 jeunes du Québéc, de choisir, au scrutin secret, les productions les plus toxiques et les plus pacifiques dans 6 catégories : émissions de télé pour enfants et pour ados, vidéoclips, films, jeux vidéo et messages publicitaires. Le Vote s’était tenu durant 10 ans. La Fondation Roy C. Hill l’avait honoré pour innovation pédagogique pour ces deux projets relatifs à la promotion d’une culture de la Paix. Cela lui avait valu de devenir
personne-ressource dans le cadre du programme Pleins feux sur l’excellence pédagogique, une initiative commanditée par la Fédération canadienne des enseignants et enseignantes (FCE) et les prix du Premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement.
En 1996, la Fédération des enseignants en éducation physique du Québec lui décerne son trophée Méritas pour contribution à l’éducation à la santé.
Vents Croisés – Télé – films et jeux vidéos
Recueil d’articles sur le défi :