2/3 des adolescents à un niveau de risque élevé
Dans un rapport publié en novembre 20201, l’ANSES ( Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, de l’environnement et du travail) a publié un communiqué intitulé Inactivité physique et sédentarité chez les jeunes : l’ANSES alerte les pouvoirs publics. En voici les premiers mots :
« Pour être en bonne santé, il est essentiel de pratiquer des activités physiques – sport, marche, jeux… – et de limiter les temps de sédentarité devant les écrans. L’Anses publie ce jour une évaluation des risques sanitaires associés à la sédentarité et à l’inactivité physique des enfants et adolescents. Cette expertise montre que les deux tiers des 11-17 ans se situent à un niveau de risque élevé, ce qui peut se traduire par du surpoids, de l’obésité, des troubles du comportement alimentaire ou encore une qualité du sommeil et de vie altérée.
Or, les habitudes prises à l’adolescence tendent à s’installer, avec un impact sur la santé et la qualité de vie à l’âge adulte. L’Anses alerte donc aujourd’hui les pouvoirs publics sur la nécessité de promouvoir et renforcer l’activité physique dès l’adolescence ».
1Inactivité physique et sédentarité chez les jeunes : l’ANSES alerte les pouvoirs publics. ANSES, 2020. https://www.anses.fr/fr/content/inactivit%C3%A9-physique-et-s%C3%A9dentarit%C3%A9-chez-les-jeunes-l%E2%80%99anses-alerte-les-pouvoirs-publics
En 40 ans, 25% de capacité physique en moins
Ces données rejoignent celles qu’indique la Fédération Française de Cardiologie dans un article de 2016:
« En 40 ans, nos collégiens ont perdu environ 25 % de leur capacité physique, alerte le Professeur François Carré, cardiologue au CHRU de Rennes et membre de la Fédération Française de Cardiologie. « C’est-à-dire qu’ils courent moins vite et moins longtemps… En 1971, un collégien courait 600 mètres en 3 min, en 2013 pour cette même distance, il lui en faut 4. Quand on sait que l’endurance est l’un des meilleurs marqueurs d’une bonne santé cardio-vasculaire, il est temps de recommencer à bouger ! »
71 % des parents pensent que leurs enfants font autant d’activité physique qu’eux au même âge. Il y a un fort décalage entre perception et réalité. Les jeunes générations semblent très actives aux yeux des parents et des grands parents : elles font davantage de sport, sont plus libres de leurs mouvements… Mais il n’en est rien.
Téléphone, tablette, ordinateur, télévision font désormais partie du quotidien des enfants et pour des durées souvent excessives et les parents pris par leurs obligations professionnelles ne s’en rendent pas forcément compte.
Les adultes ne sont pas conscients pour eux même des méfaits de la sédentarité que les écrans entraînent et pensent que la jeunesse protège leurs enfants. Or, dans leur jeunesse, parents et grands parents étaient rarement sédentaires.
Pour les enfants, entre 4 et 17 ans il faut faire 1 h d’activité physique par jour. C’est aux parents de montrer l’exemple. Si on apprend aux enfants à faire régulièrement de l’activité physique, cela deviendra un réflexe qu’ils conserveront à long terme.
Quel que soit l’âge et les capacités de l’enfant, il est important d’associer l’activité physique au plaisir et au bien-être plutôt qu’à la performance ou à la contrainte.
- Accompagnez-les à l’école, à pied ou en vélo
- Privilégiez les activités de plein air, le week-end et après les cours
- Évitez ou limitez le temps passé devant les écrans, tablette ou mobile
- Prenez les escaliers plutôt que l’ascenseur
- Descendez une station de bus ou de métro avant, garez-vous une rue plus loin
- Privilégiez la marche plutôt que la voiture ».
Ce même cardiologue s’exprime sur France1 info pour parler de bombe à retardement, en réaction à la publication de l’ANSES:
« Nos enfants ont un mauvais capital santé. Le grand problème de cette sédentarité, de cette inactivité, comme le tabagisme, comme la malbouffe, c’est que ça ne tue pas tout de suite, mais ça va tuer dans trente ans. »
Pour sensibiliser le grand public à cette question, la FFC a réalisé un spot : « En restant assis, votre enfant prend plus de risque”. Celui-ci peut-être utilisé comme support pédagogique auprès des parents mais également auprès des enfants et des adolescents dès qu’ils sont en âge d’en comprendre le message principal. L’intérêt ici, sera d’initier une discussion sur les conséquences du temps excessif passé devant les écrans, et l’intérêt d’adopter de saines habitudes de vie. On peut également leur proposer d’effectuer des recherches sur le lien existant entre la sédentarité devant les écrans de loisirs et la santé sur le long terme, et les recommandations de l’OMS à ce niveau.
La FFC a également publié une affiche pour sensibiliser le public à cette question.
Pour aller plus loin sur ces constats, l’avis des experts et les conseils pratiques, la Fédération Française de Cardiologie met en ligne le dossier L’AVENIR DU CŒUR DES JEUNES.
Répercussions sur le développement, le bien-être, le sommeil et la santé mentale
En janvier 2021 un comité d’experts composés de représentants du milieu académique, de sociétés savantes, d’institutions de santé publique ou encore des milieux scolaires et associatifs, ont publié, sous la coordination de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS), un état des lieux de l’activité physique et de la sédentarité des enfants et adolescents Français.
Concernant le temps de sédentarité passé devant les écrans de loisirs voici ce qui est indiqué :
« Les bienfaits d’une activité physique régulière et d’un temps limité de sédentarité dès le plus jeune âge ne sont plus à démontrer »
« Les enfants et les adolescents passent en majorité beaucoup trop de temps que celui recommandé devant les écrans, laissant présager une augmentation potentielle des problèmes de développement, de bien-être, de sommeil et de santé mentale au sein de cette population ».
« Les experts impliqués dans le développement de ce rapport souhaitent tirer la sonnette d’alarme face à un bilan préoccupant présenté ici. Il y a un besoin urgent pour le développement d’une campagne nationale de prévention s’adressant aux enfants, adolescents et parents pour communiquer sur les risques potentiellement associés au temps d’écran prolongé. De plus, il serait judicieux de présenter et de rendre accessible un panel d’activités (activités physiques et activités sédentaires n’impliquant pas l’utilisation d’écran) comme alternatives pour tous les enfants et les adolescents français, quel que soit leur niveau socio-économique, avec ou sans handicap ou besoin particulier. »
Combinaison de trois recommandations
En 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), publiait deux documents :
Lignes directrices de l’OMS sur l’activité physique et la sédentarité: en un coup d’œil.
L’OMS a étudié les préconisations qui existent déjà dans différents pays. Pour elle c’est la combinaison de 3 types de préconisations imbriquées sur 24h00 qui est efficace. Activité physique, réduction du temps de sédentarité, sommeil.
« Les habitudes saines en matière d’activité physique, de sédentarité et de sommeil se contractent tôt dans la vie, ce qui permet de les maintenir pendant l’enfance et l’adolescence et jusqu’à l’âge adulte. »
« La petite enfance est une période de développement physique et cognitif rapide où se forment les habitudes de l’enfant et où il est possible de changer et d’adapter les règles de vie de la famille ».
« Chez les enfants et les adolescents, une sédentarité accrue est associée aux résultats sanitaires négatifs suivants : adiposité accrue ; santé cardiométabolique, forme physique et comportement social de moindre qualité ; et durée de sommeil réduite. »
« Il est recommandé ce qui suit : Les enfants et les adolescents devraient limiter leur temps de sédentarité, et en particulier le temps de loisir passé devant un écran ».
Les recommandations de l’OMS s’adressent essentiellement aux décideurs des ministères de la Santé, de l’éducation et de l’action sociale dans un but de formation des professionnels qui accompagnent les enfants.
Recommandations de l’OMS sur le temps d’activité physique, de sédentarité et de sommeil des enfants de moins de 5 ans sur 24 heures :
Recommandations de l’OMS sur le temps d’activité physique et la sédentarité des enfants et adolescents (âgés de 5 à 17 ans) :
Comment promouvoir de saines habitudes de vie ?
Au Québéc, l’organisme national à but non lucratif PARTICIPACTION, fait la promotion, d’un mode de vie sain et d’une bonne forme physique. S’appuyant sur les préconisations de l’OMS et des directives canadiennes en matière de mouvement, elle met à disposition des ressources pour les enfants, la famille et les éducateurs, dans le but de promouvoir l’activité physique le sommeil, et la limitation du temps écran.
« Les jeunes (5 à 17 ans) ont besoin de suer, bouger, s’asseoir et dormir à juste dose chaque jour pour être en bonne santé ! Les bienfaits qu’ils en retirent sont notamment une meilleure santé générale, une meilleure forme physique, le maintien d’un poids santé, une meilleure humeur et l’apprentissage de nouvelles habiletés – en réalité… Tout va tellement mieux quand on bouge. »
Ressources pour la petite enfance :
Ressources pour les jeunes de 5 à 17 ans :
Dans une campagne précédente qu’elle avait nommée Faites Place au Jeu, elle avait réalisé des spots vidéo pour la promotion du temps de jeu et la réduction du temps d’écran auprès des enfants.
Ces courtes vidéos sont utilisables en classe :
D’autres vidéos de la même série sont disponible sur la playlist de Participation : https://youtube.com/playlist?list=PLKshycsSNn2J36rMbjmgLJs2Y68VIsJ54
Campagne Sois futé écran fermé!
Sois futé, écran fermé ! est un programme d’éducation à la santé, lancé à l’automne 2013 au Québec. Son objectif est d’apprendre aux élèves du primaire à gérer le temps qu’ils passent devant un écran.
« En diminuant le temps d’écran à des fins récréatives, les enfants pourront s’adonner à de nombreuses autres activités, telles que des projets créatifs, des activités physiques et des relations interpersonnelles.
Sois futé, écran fermé ! a pour but de sensibiliser non seulement les élèves, mais aussi les parents et les enseignants, au temps d’écran. Et de réduire le temps passé devant un écran à 2 heures ou moins par jour (ou maintenir ce niveau s’il est déjà atteint).
Si messages-clés ont servi à définir ces objectifs. Les messages 4 et 5 s’adressent aux parents et aux enseignants :
- Notre corps est fait pour bouger.
- Le temps d’écran remplace l’activité physique, la lecture et les relations sociales.
- Les enfants mangent souvent devant la télévision et ont tendance à consommer ce qu’ils voient.
- Les enfants passent moins de temps devant un écran ont de meilleures chances de réussir à l’école.
- Les enfants développent des habitudes de vie qui se perpétuent jusqu’à l’âge adulte.
- Échanger trente minutes d’activités à l’écran contre toute autre activité amusante fais la différence. »
Accéder au dossier complet
Dossier complet Soit Futé Écran FerméPour conclure
L’augmentation du temps d’écran des jeunes est négativement relié à la sédentarité et à l’état santé des jeunes (adiposité, de capacités cardio-vasculaires, état de l’ensemble musculo-squelettique). Les organismes publics en charge de la prévention de la santé dans le monde font état d’une situation alarmante au vu du nombre d’enfants et d’adolescents qui dépassent les seuils d’alerte. Les préconisations vont dans le sens d’une nécessaire (mais non suffisante) réduction du temps écran.
Les bienfaits de l’activité physique régulière et d’un temps limité de sédentarité dès le plus jeune âge ne sont plus à démontrer. En France, il existe un besoin urgent pour développer des campagnes de prévention sur les risques potentiellement associés au temps d’écran excessif. Dans certains pays comme au Canada des campagnes de ce type existent et nous pouvons nous en servir.