Tel est le slogan de la campagne de prévention initiée en Belgique par la Fédération Wallonie Bruxelles, Yapaka, qui œuvre depuis 1998 pour la prévention de la maltraitance.
Cette campagne a pour objet de sensibiliser à la place des écrans dans les relations parents/enfants, tout en valorisant le plaisir de moments partagés en famille. Elle inclut notamment la diffusion de 4 spots dans les écrans publicitaires sur les chaines TV belges, d’affiches et posters adaptés aux tranches d’âges des enfants (3-6-9-12).
Si les écrans font désormais partie de notre quotidien, pour des usages professionnels, administratifs, personnels, familiaux et amènent des solutions facilitant nos vies, ils peuvent facilement prendre toute la place, faire écran à la relation parent/enfant, adulte/enfant, du fait des interruptions répétées dans la relation : les chercheurs parlent de technoférence.
Technoférence et effets sur la construction des enfants
Ce phénomène nouveau désigne les multiples interruptions quotidiennes dans les interactions, les relations, dues à la présence d’outils technologiques, en particulier les smartphones.
La technoférence devient source d’inquiétude lorsqu’elle prend une grande place dans le quotidien partagé avec les enfants : des professionnels de l’accueil des tous petits questionnent la place des écrans comme un élément de santé publique.
Ils font en effet le constat d’enfants en état de grande fatigue, présentant des retards dans le développement langagier, des difficultés à être en relation, à se concentrer, à se mouvoir dans l’espace. Les enfants, notamment les bébés, se construisent en lien avec l’adulte. Ils ont besoin pour grandir, d’une présence attentive et continue du parent/adulte, qui s’ajuste à leurs besoins et émotions.
Or, des chercheurs ont montré qu’un adulte consultant son smartphone en présence d’un enfant s’adresse moins à lui, lui parle moins, utilise moins de vocabulaire; l’enfant parle moins également.
Les interférences répétées rompent le lien et appauvrissent les relations enfant/adulte, ce qui a des impacts sur l’enfant aux plans neurologique, affectif, cognitif, notamment au niveau du langage, de l’estime de soi, de la construction identitaire.
Par exemple, lorsque l’adulte regarde son téléphone, il est absent psychiquement. Son visage, capté par l’extérieur, devient froid, impassible, son regard est centré sur l’écran et le lien de regard est coupé.
Or, le bébé ne sait pas interpréter cette absence. Il se trouve face à un vide interactif et, si les écrans sont omniprésents et les interruptions répétées, la relation peut même être vécue comme angoissante, voire entraîner le développement d’un sentiment d’abandon.
De plus, si le parent répond toujours aux notifications, le tout petit peut intégrer le fait que l’extérieur a plus d’importance et de valeur que lui et assimiler une culture de l’immédiateté, de l’éparpillement.
Penser notre lien à la technologie
La campagne menée par Yapaka a donc pour objet d’interroger la place que nous donnons aux écrans quand nous sommes avec nos enfants, l’impact des interférences dans les liens parents/enfants et professionnels/enfants, ainsi que les traces sur le développement des plus jeunes.
Penser notre lien à la technologie permet une prise de conscience de nos usages, et donc une prise de distance face à des comportements automatiques.
Chacun peut alors trouver des astuces pour limiter les interférences dans le lien avec l’enfant : consulter son smartphone une fois l’enfant couché, enlever les notifications, notamment lors des moments d’échange comme les repas, garder le téléphone à distance pendant les moments de nursing, de jeu.
Les écrans sont également présents dans la sphère professionnelle, et leur impact pose question notamment dans le domaine de la petite enfance. Des interruptions fréquentes font en effet expérimenter à l’enfant une relation dispersée et détournée au profit d’un enjeu extérieur.
Comment maintenir un espace de concentration et de disponibilité, une relation soutenue et bienveillante, comment exiger d’eux une concentration sans faille, si la relation est interrompue par un écran ?
Que ce soit dans le domaine familial ou professionnel, l’utilisation des écrans doit être pensée, afin qu’ils ne prennent pas toute la place et n’ébranlent pas les adultes dans le rôle qu’ils ont à jouer dans le développement cognitif, social, affectif et comportemental des enfants.
Voici des liens pour aller plus loin sur cette campagne de prévention et sur la notion de technoférence :
https://www.yapaka.be/campagne/campagne-ne-laissons-pas-les-ecrans-faire-ecran
https://www.yapaka.be/texte/texte-ne-laissons-pas-les-ecrans-faire-ecran
https://www.yapaka.be/page/la-coordination-de-la-prevention-de-la-maltraitance
[Spots TV] Diffusion de 4 spots « Ne laissons pas les écrans faire écran » | Yapaka