Cette phrase annonce les nouveaux épisodes de la web série Dopamine diffusée sur ARTE.TV, complétés par le documentaire « Dopamine, comment les applis piègent notre cerveau ».

S’appuyant sur les recherches récentes en psychologie et neurosciences, il met en lumière la dépendance créée, volontairement, par les applications et les réseaux sociaux, et leur un impact sur la santé mentale, notamment des plus jeunes.

 

Des applications conçues pour être addictives

 

16 ans après la commercialisation du premier smartphone, pourquoi les possesseurs de cet objet ont-ils tendance à le consulter de manière compulsive ?

Les applications et réseaux sociaux, par le biais des like, cœurs, notifications, stimulent une zone particulière du cerveau, le système de la récompense, laquelle est également activée lorsqu’on joue au casino ou qu’on mange un aliment sucré.

Le cerveau ayant tendance à inciter aux interactions sociales, considère le fait d’influencer l’autre comme une réussite, même si l’interaction est virtuelle.

C’est ainsi que la dopamine, molécule dont la production intervient juste avant la récompense, pousse irrésistiblement à saisir son smartphone pour voir s’il y a ou non des récompenses.

Les concepteurs d’application utilisent les principes du behaviorisme (ou comportementalisme), qui a mis en évidence le rôle décisif du système de récompense dans l’apprentissage de nouveaux comportements. De plus, pour maintenir plus longtemps le comportement et le transformer en habitude réalisée de manière inconsciente, les applications varient les modalités d’obtention des récompenses (un même comportement n’amène pas toujours la récompense attendue) et leur nature (notifications, like, vidéos plaisantes, inattendues, messages importants …).

 

Appli smartphone

Applications smartphone

Les conséquences de la durée d’utilisation des smartphones

 

Le temps passé sur les smartphones est en constante augmentation (plus 2 heures par jour entre 2020 et 2022) et atteint 3H30 par jour en France et en Allemagne, 5H30 au Brésil.

Une augmentation qui pourrait s’expliquer par le fait que les usagers n’ont pas conscience du temps consacré aux réseaux sociaux et gardent peu de souvenirs des éléments visionnés. Or, moins on forme de souvenirs, plus le temps semble court, ce qui laisse à penser que les vidéos visionnées n’ont que peu d’intérêt pour le cerveau.

Les psychologues relèvent cependant que la durée d’utilisation n’est pas le meilleur indicateur d’un usage problématique : il convient d’étudier l’usage qui en est fait et ses effets sur la vie quotidienne.

Ainsi, une utilisation active, comme l’engagement dans la création de contenus, sera associée à une expérience positive, contrairement à une utilisation passive.

Si la notion elle-même d’addiction au smartphone est contestée dans la communauté scientifique, faute d’être référencée dans les manuels de psychiatrie, les conséquences sur la santé existent bel et bien : le scandale des Facebook files a permis de révéler que 37% des adolescentes se sentent plus mal après une consultation d’Instagram, 66% ressentent une comparaison sociale et, tous sexes confondus, 23% des utilisateurs ressentent une pression extrême pour avoir l’air parfait.

Les réseaux sociaux activent en effet la comparaison sociale ascendante, c’est-à-dire avec ceux qui font mieux que soi, ce qui peut avoir un effet délétère sur la constitution de l’estime de soi, en augmentant le doute, la peur et en maintenant des troubles anxieux.

De plus, une étude sur l’impulsivité a établi une connexion entre la zone de récompense, qui pousse à agir, et le système cognitif qui inhibe une réaction non souhaitable : le système cognitif apparaît plus faible chez les personnes ayant un usage important des smartphones et réseaux sociaux, avec comme conséquence un contrôle plus difficile des actions.

 

Comment reprendre le contrôle

 

La recherche avance, mais elle se heurte à de nombreux obstacles : les applications changent constamment et les données permettant de comprendre leur fonctionnement sont très difficilement accessibles, car propriété des entreprises conceptrices.

Or, les grandes entreprises font tout pour éviter de rendre des comptes aux usagers : Facebook a ainsi exigé de l’ONG Algorithmwatch, qui a prouvé que l’algorithme d’Instagram favorise les images montrant de la peau nue, qu’elle mette fin à son étude menée sur des données mises à disposition par des utilisateurs.

 

Des stratégies individuelles peuvent cependant permettre de reprendre le contrôle :

  • couper les notifications, qui sont des signaux qui nous conditionnent,
  • placer le téléphone loin des yeux,
  • supprimer les couleurs, ce qui rend les applications nettement moins attrayantes,
  • choisir un comportement, une activité parmi un grand nombre de possibilités : si on passe du temps avec un copain, on en passera moins sur son smartphone.

Des politiques publiques de régulation apparaissent aussi nécessaires, avec l’idée de se poser la question de ce que serait un bon réseau social.

La conclusion du documentaire est qu’il faut apprendre à vivre avec, en adoptant une consommation maîtrisée et en le maintenant à sa place d’objet utile. A méditer !

 

Pour aller plus loin, voici des liens à consulter :

https://www.arte.tv/fr/videos/109374-000-A/dopamine-comment-les-applis-piegent-notre-cerveau/?fbclid=IwAR1EPf1fFjhaFbsxxSVah4yp9LdmOjy_QFXGrt9igt5nKpfDx_0zcwwqZfg.

La puissance des réseaux sociaux en question – Info et société | ARTE