La recrudescence des cas de myopie au niveau mondial est tellement importante que les scientifiques la qualifient d’épidémie, et prédisent que la moitié de l’humanité sera myope en 2050.
La fondation Albert de Rostchild précise quant à elle que 40% de la population française est aujourd’hui myope, dont 5 à 10% de myopes forts. Bien que ce défaut visuel soit le plus répandu en France et dans le monde, il demeure méconnu. C’est dans ce contexte que l’Institut d’Éducation Médicale et de Prévention a lancé, en juin dernier, une campagne nationale d’information et de dépistage de la myopie.
Elle organise également, du 21 au 25 novembre 2022, les Premières Journées nationales d’information et de dépistage de la myopie. Ses objectifs : informer les Français sur ce trouble de la vision et leur donner les moyens d’agir contre la myopie.
Pour cela, un site internet dédié, www.ensemblecontrelamyopie.fr, a été créé : outre des informations concrètes pour mieux connaître cette déficience visuelle, il délivre aussi des conseils de prévention pour limiter les risques pour les enfants, dont le fait de passer plus de temps dehors et moins de temps devant les écrans.
Une recrudescence liée aux modes de vie urbain
Les scientifiques s’accordent aujourd’hui sur le fait que la forte augmentation des cas de myopie résulte de la combinaison de facteurs génétiques (dans 10% des cas), mais aussi de facteurs environnementaux.
Sont en cause nos modes de vie « urbains » : la myopie est en effet favorisée par l’augmentation du temps passé à l’intérieur, le manque d’exposition à la lumière naturelle et une sollicitation excessive de la vision de près, notamment avec l’usage croissant du temps consacré aux écrans.
Une étude menée en Australie en 2008 a ainsi établi que les enfants sortant peu et pratiquant régulièrement des activités de près sont trois fois plus exposés à la myopie que leurs camarades pratiquant beaucoup d’activités de plein air.
Prévenir la myopie en adoptant de saines habitudes de vie
Si, selon l’OMS, « la réduction du temps passé à l’extérieur et l’intensification des activités en vision de près entraînent une hausse du nombre de personnes atteintes de myopie, il est possible de réduire ce risque en passant davantage de temps à l’extérieur ». La stimulation de la dopamine, un neurotransmetteur dont la sécrétion est stimulée par la lumière du jour, contribuerait en effet à freiner la croissance de l’œil, la myopie étant caractérisée par un œil « trop long ».
Les études montrent effectivement que 40 minutes d’activités quotidiennes en plein air permettent de diminuer de 23% la survenue de la myopie chez l’enfant. Et, selon Gilles Martin, ophtalmologue à l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, « parmi les enfants pratiquant plus de 14 heures de sport en extérieur par semaine, le risque de développer une myopie devient identique quels que soient les antécédents familiaux. Deux heures par jour d’exposition à la lumière extérieure diminuent le risque par trois ». Ce spécialiste ajoute que « la meilleure prévention chez l’enfant reste de privilégier les activités en extérieur, de réduire les activités prolongées en vision de près, et de réaliser des dépistages réguliers ».
Le site internet www.ensemblecontrelamyopie.fr dispense également des mesures simples de prévention, comme éviter de se tenir trop près de son livre ou de son écran (distance d’au moins 30 centimètres), faire des pauses régulières (pauses de 20 secondes toutes les 20 minutes en regardant un objet à près de 6 mètres), avoir un éclairage suffisant.
Il propose également un simulateur de vision myope et un questionnaire pour évaluer le risque que votre enfant devienne myope, en fonction de son hérédité et de son mode de vie (temps consacré aux activités en extérieur et aux activités sur écrans chaque jour).
Le temps passé par les enfants devant les écrans a probablement un fort impact négatif sur le temps consacré aux activités d’extérieur. Voilà une raison de plus d’adopter, au titre des saines habitudes de vie, la réduction du temps écran. Nous avons décidément tout à gagner à troquer deux heures d’écrans de loisirs contre deux heures d’activités à l’extérieur !